Après le tournoi international de Beijing il y a exactement un mois, avaient lieu samedi 18 juin les sélections françaises pour le WSC 2011. C'est dans l'amphithéâtre Darboux de l'institut Poincaré, à Paris, que 15 joueurs/ses plus ou moins présélectionné(e)s se sont donc trouvé(e)s réuni(e)s pour 4h35 d'épreuves. Dans le détail :
- Épreuve 1 (30 min - 300 points) : 12 grilles 6x6 et 1 7x7 ; le délai est a priori raisonnable pour des grilles de cette taille et, de fait, elles s'avèrent d'une grande facilité à l'exception des deux dernières, côtées respectivement 50 et 55 points. La plus grosse est un sudoku X (diagonal) 6x6 avec 6 chiffres donnés ; plutôt rude mais faisable. L'autre est un "naked chaos 6x6", comprenez un chaosudoku dont les régions sont à reconstituer. À mes yeux comme à ceux de beaucoup d'autres, la grille n'a que peu à voir avec un sudoku et elle est de surcroît particulièrement difficile, au point que personne ne la résoudra durant l'épreuve. Je m'en tire donc avec 250 points sur 300, 1er à égalité avec mon co-auteur Sylvain Caudmont.
- Épreuve 2 (50 min - 500 points) : 10 grilles 9x9 ou équivalent, de types assez hétéroclites. L'épreuve est très abordable ; je termine l'ensemble des grilles en un peu plus de 30 minutes, mais fais face à un problème : je trouve deux solutions à un sudoku étoile. Après avoir longuement vérifié ma grille sans rien remarquer qui cloche, je décide tout de même de la refaire et aboutis à la même chose. Je me résous donc à le signaler à la table d'arbitrage tout en rendant mes feuilles avec un peu plus de 14 minutes d'avance. L'erreur est confirmée, un chiffre a été omis qui occasionne cette double solution. J'ai donc perdu 5 minutes pour rien, mais suis tout de même le seul à compléter toutes les grilles et peux par conséquent espérer un solide bonus temps (10pts/min économisée). Malheureusement, deux étourderies navrantes (2 cases vides sur une grille, 2 chiffres inversés sur une autre) me coûtent ce bonus en plus des points des grilles concernées. Je termine avec 395 points sur 500 au lieu des 640 visés, et Sylvain prend la tête des opérations.
- Épreuve 3 (65 min - 650 points) : épreuve classique. 13 grilles dont personne ne doute que certaines vont demander l'emploi d'hypothèses. Technique habituelle sur ce genre d'épreuve : je débute par les grilles intermédiaires et vais tenter de progresser vers les plus difficiles, avant (si le temps le permet) de terminer par les plus faciles. Comme prévu, la difficulté aberrante de certaines grilles m'oblige à en passer par quelques hypothèses, ce qui est très loin d'être mon fort et me fait donc perdre un temps fou. Malgré cela je me rattrape sur les autres grilles et en termine une minute trente avant la fin. Cette fois pas d'erreur (j'ai pris 3 bonnes minutes pour me relire intégralement) et je réalise 660 points sur 650 grâce au bonus. Je reprends 140 points à Sylvain - la lutte est serrée !
- Épreuve 4 (60 min - 600 points) : l'épreuve 4 est un matchmaker - 8 grilles de différents types / 8 règles, et il s'agit d'apparier grilles et règles avant de les résoudre. Épreuve redoutée car potentiellement dévastatrice (le plus difficile est souvent le démarrage et les points sont attribués de façon exponentielle), elle s'avère finalement la plus facile du tournoi. 5 joueurs terminent dans les délais (malheureusement avec une erreur pour mon autre co-auteur Geoffroy Hermelin) ; je suis le premier d'entre eux avec plus de 23 minutes de marge, 3 min de relecture comprises. Au final, un joli 830/600 et 130 points de plus par rapport à mon poursuivant Sylvain.
- Épreuve 5 (60 min - 600 points) : 5 grilles ! Compte tenu du délai, pas des plus faciles. Après avoir bouclé les n°3 et 4 je m'attaque à la 5e (Starbattle sudoku) dont je pense pouvoir venir à bout sans trop de problème. Une erreur, deux erreurs, trois erreurs et plus de 20 minutes perdues plus tard, j'y renonce et n'ai que le temps de résoudre la n°1 et le tiers de la n°2. 330 points sur 600, piètre performance alors que les grilles difficiles ont en temps normal ma préférence. De son côté Sylvain s'en tire beaucoup mieux, et c'est ainsi que le suspense durera jusqu'à l'annonce des résultats !
Finalement, c'est à moi que revient la première place avec 2465 points contre 2430 pour Sylvain, ce qui n'a que bien peu d'importance car le résultat demeure le même : nous intégrons tous deux l'équipe de France. Sylvain réalise un très beau tournoi, en se payant le luxe de terminer à la 3e place sur l'épreuve classique (son "point faible"). Je ne suis moi-même pas mécontent malgré une épreuve 5 bien faiblarde et une prodigieuse double ânerie sur l'épreuve 2.
Trois de mes co-auteurs du livre "Florilège de variantes de sudoku" étaient présents en les personnes de Sylvain Caudmont, Timothy Doyle et Geoffroy Hermelin ; ils décrochent respectivement les 2e, 4e et 6e places.
Quelques observations maintenant concernant l'organisation du tournoi elle-même. Deux grilles se sont avérées être "fausses" : le sudoku étoile de l'épreuve 2, et le kropki sudoku 6x6 de l'épreuve 1. Dans le premier cas le problème n'affectait pas réellement la résolution de la grille et n'avait donc que peu d'importance. Dans le second, un cercle noir manquait et cela était déjà plus gênant (j'ai personnellement résolu la grille sans m'en rendre compte mais il n'en a pas forcément été de même pour tout le monde). C'est bien entendu regrettable, mais cela arrive, j'en sais quelque chose. Il est plus gênant que cela se répète d'une année sur l'autre, mais il est toujours difficile de juger sans savoir quelle peut être l'origine du problème.
Ce qui est à mon avis plus critiquable est la présence de certaines grilles dont la plupart des joueurs/ses conviennent qu'elles tiennent plus du WPC que du WSC : ainsi le Naked chaos sur l'épreuve 1, le Sudoku hitori sur l'épreuve 2 et le Star battle sudoku sur l'épreuve 5. Il n'existe certes pas de définition unanime de ce qu'est/n'est pas une variante du sudoku, mais dès l'instant où la résolution de la grille n'est plus qu'un détail (ce qui est clairement le cas sur les deux premières grilles), on parle manifestement de tout autre chose que de sudoku.
D'autre part, le choix de grilles classiques à la difficulté exagérée, spécificité récurrente des sélections françaises, m'apparaît quasiment indéfendable et exaspère nombre de joueurs/ses chaque année. S'inspirer des tournois les plus réussis en la matière (WSC 2010 et BIST 2011 notamment) ne paraît pourtant pas hors de portée...
Prochaine étape : le 6e championnat du monde de sudoku en Hongrie, du 6 au 10 novembre.
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